Il y a de l’amour dans l’air
Rédigé pour Sevita par Bailey Elchinger, services conseils en gestion des risques et directrice Regional de FCM Division de StoneX Financial Inc.
L’Argentine en rouge
Avec la Saint-Valentin, le mois de février nous rappelle de célébrer l’amour. Ce mois-ci, le marché du soya est tombé en amour avec la perspective d'une mauvaise récolte en Argentine. Des températures élevées et un manque de précipitations dans les principales zones de culture ont teinté en rouge la majorité des zones de la carte de l'Argentine. Les estimations privées et gouvernementales des récoltes ont été revues à la baisse en février. Si l'Argentine n'est pas un grand exportateur de soya, elle est en revanche le premier exportateur mondial de tourteau de soya avec près de 40 % des exportations. Plus de la moitié des grains cultivés en Argentine sont destinées au secteur de la trituration. En plus des mauvaises conditions météorologiques en Argentine, les pluies dans le nord du Brésil ont brièvement retardé les récoltes, ce qui a forcé les acheteurs à se tourner vers l'Amérique du Nord pour combler les besoins immédiats. Tous ces facteurs ont poussé le contrat de soya pour livraison immédiate à atteindre de nouveaux sommets au milieu du mois.
Les blues du USDA
Au début du mois, le USDA a mis à jour ses prévisions de l'offre et de la demande. Les changements les plus importants pour le marché du soya ont été la réduction de la taille de la récolte de l’Argentine (voir ci-dessus) en plus de la réduction de la trituration. L'optimisme teinte les prévisions de trituration du soya en raison de l'augmentation anticipée de la demande provenant de l’initiative en matière de diesel renouvelable. Ceci a conduit à une augmentation des estimations de l'utilisation de la trituration dans les rapports précédents. Cependant, ceux qui sont haussier sur le marché du soya commencent à avoir les blues car la plupart d'entre eux constatent que l'optimisme tient un peu plus sur le long terme puisque nous devrons attendre que les usines soient pleinement opérationnelles. Le mois de février est aussi celui du calcul de la moyenne de l'assurance récolte qui sera offerte au printemps aux États-Unis. Les prix moyens mensuels sont établis en faisant la moyenne quotidienne des prix de clôture des contrats CZ23 et SX23. Jusqu'à présent, le prix moyen du CZ23 est d'environ 5,96 $, ce qui est légèrement supérieur au prix de l'assurance maïs du printemps 2022 tandis que le prix moyen du SX23 est de 13,67 $, ce qui est nettement inférieur à la garantie de prix que l’on retrouvait au printemps 2022. Il est important de se rappeler que le mois de février dernier a connu la plus grande volatilité que j'ai vue dans ma carrière en raison de l'invasion russe en Ukraine. Je ne suis pas d'avis que le marché fournit suffisamment d’arguments pour convaincre les agriculteurs américains ou canadiens de déroger à leur plan de rotation des cultures. La valeur des engrais dans le golfe du Mexique a chuté de façon spectaculaire au cours des 30 derniers jours, ce qui a permis au maïs de paraître plus attrayant qu'à l'automne dernier. Si l'on ajoute une prévision d’ensemencement à 88,5 millions d'acres en soya (1 million d’acres de plus qu'en 2022), un rendement de 52 boisseaux à l'acre et une augmentation de la demande de 180 millions de boisseaux, on peut évaluer les stocks de soya à environ 280 millions de boisseaux et le ratio stocks-utilisation à plus de 6 %. Historiquement, cela n’est PAS gage de contrats à terme sur le soya à 14 $ à la récolte (voir ci-dessous). Cela me rappelle le célèbre adage qui dit : « le marché peut vous payer pour semer une culture, mais il n'est PAS obligé de vous payer ce prix pour la récolter ».
L’avenir est incertain
De nombreuses données économiques continuent d'être publiées. Les données sur l'inflation et l'emploi aux États-Unis suggèrent que la hausse des taux d'intérêt jusqu'à présent n'a peut-être pas ralenti l'économie autant que les analystes le pensaient. Cela signifie que les taux d'intérêt pourraient devoir être plus élevés et le demeurer plus longtemps que prévu initialement pour maîtriser l'inflation. L'idée d'un ralentissement de l'économie américaine fait vaciller l'optimisme de ceux qui sont haussier sur le marché des matières premières. Comme nous l'avons évoqué dans le commentaire du mois dernier, la demande chinoise a également été un sujet d’actualité. Alors que la Chine a supprimé ses restrictions COVID et que son économie s’active, on s'attendait à un rebond rapide de sa demande de produits de base. Les marges sur la trituration destinée aux porcs chinois restent très faibles, ce qui signifie que la demande de porc n'a pas encore complètement rebondi. La population chinoise continue de vieillir, ce qui n'est pas un signe positif pour l'économie mondiale à long terme selon moi. Si l'on ajoute à tout cela les tensions géopolitiques, mon niveau d'incertitude augmente. La saga du « ballon espion » entre les États-Unis et la Chine au début du mois de février a fait les manchettes de la presse internationale, et il semble que cette histoire ne soit pas encore terminée.
Vos marges aussi sont incertaines
Dans un contexte d’incertitude, il devient encore plus important de protéger ses marges. Un examen plus approfondi de votre coût de production et de votre potentiel de rentabilité vous aidera énormément à faciliter vos décisions en matière de commercialisation des céréales.